Etats-Unis
29/12/2009 15:29
Le Président est fatigué. Après une première année bien remplie à la Maison Blanche, Barack Obama l'admet bien volontiers... Le jeune chef d'Etat commence à ressentir physiquement le poids des responsabilités et d'un calendrier chargé.
Au début du mois, Barack Obama, qui n'avait pas dormi de la nuit pour aller chercher son Nobel de la paix à Oslo, avait confié qu'il manquait de sommeil. Le président des Etats-Unis en était déjà à son neuvième déplacement à l'étranger et son 21e pays visité et devait ajouter un dixième déplacement la semaine suivante pour la fin du sommet de Copenhague sur le climat.
Cette première année commence et s'achève par les deux périodes les plus intenses à ce jour de sa jeune présidence, marquées par des des décision difficiles et pas forcément populaires: renflouer les banques et l'industrie automobile du pays en pleine crise financière, et ce mois-ci, envoyer 30.000 soldats supplémentaires se battre contre les talibans en Afghanistan.
Ajoutez à cela un taux de chômage grimpé à 10%, une réforme de santé, l'une de ses priorités nationales, toujours bloquée au Capitole, et un marathon de négociations de dernière minute sur le climat à Copenhague... Ses conseillers ne font pas mystère que le président avait hâte de se reposer en famille à Hawaï pour les fêtes, même si l'attentat manqué du jour de Noël à bord d'un avion de la Northwest Airlines est venu troubler ses vacances.
Barack Obama lui-même, avec une franchise presque déconcertante, n'hésite pas à évoquer la pression de cette "année extraordinaire" sur ses épaules de quadragénaire. "Vous avez une convergence de facteurs qui ont rendu cette année difficile, pas tant pour moi mais pour le peuple américain", expliquait-il le mois dernier lors d'un entretien à CBS News. "Absolument, cela pèse sur moi".
Un poids manifeste quand le locataire de la Maison Blanche a passé en revue la stratégie américaine en Afghanistan, trois mois d'un examen approfondi avant de décider des renforts face à l'insurrection. Les images d'un Barack Obama visiblement las, quelques cheveux gris en plus, accueillant les dépouilles de soldats morts au combat à la base aérienne de Dover, puis marchant au milieu des rangées de stèles du cimetière national d'Arlington, avaient fait naître des rumeurs selon lesquelles le président sautait des repas et perdait du poids.
L'ancien sénateur de l'Illinois, âgé de 48 ans, assure que son poids n'a jamais varié de plus de cinq livres, soit 2,25 kilos, et qu'il peut toujours porter le costume du jour de son mariage, il y a 17 ans.
Mais il reconnaît que la gravité de la guerre se fait sentir d'une autre façon. "Ca, on le sent viscéralement", a-t-il dit lors d'une interview à ABC News à la Maison Blanche. "Vous perdez le sommeil. Vous pensez aux familles. Vous pensez à l'histoire".
S'il a peut-être besoin de vacances, ses conseillers notent qu'il adore avoir un emploi du temps chargé et continue d'ignorer les critiques de ceux qui l'accusent de vouloir en faire trop, trop vite.
Contrairement à son prédécesseur George W. Bush, qui tenait à ses huit heures de sommeil, Barack Obama travaille souvent tard le soir, ne dormant que cinq à six heures en moyenne, voire moins quand il le faut.
Pendant la campagne, Barack Obama était connu pour ne pas apprécier les déplacements en chaîne, les accumulations de meetings et les journées à rallonge. Non seulement il n'aimait pas rester éloigné de sa famille trop longtemps, mais fidèle à son esprit logique, il ne comprenait pas la nécessité de ces rythmes effrénés, au point que certains conseillers en était venus à redouter de lui annoncer certaines parties du programme.
A la Maison Blanche, l'agenda ne s'est pas allégé, alourdi au contraire par les vols nocturnes vers l'Europe et la succession d'obligations mondaines, des concerts au Kennedy Center aux réceptions où le président et la First Lady passent des heures à serrer des mains.
Mais Barack Obama a su se ménager des espaces privés qui lui permettent de tenir. Dès son entrée en fonction, il a réussi, malgré les problèmes de sécurité, à convaincre ses conseillers de ne pas lui arracher son cher BlackBerry, qui lui permet de rester en contact avec une poignée d'amis proches. Ses collaborateurs essaient aussi de garder du temps dans son programme pour des séances de gym le matin et de golf le week-end.
Et surtout, Barack Obama vit à plein temps avec sa famille pour la première fois de sa carrière politique. Il prend le petit-déjeuner avec ses filles, Malia, 11 ans, et Sasha, 8 ans, avant de s'enfermer dans le Bureau Ovale. Son "bureau à la maison" lui permet aussi de prendre des pauses le soir pour passer des moments avec sa femme et ses enfants. Son refuge, dit-il, face à la folie de Washington.
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