Europe

16/06/2010 20:12

 

Connie Hedegaard veut que l'UE se batte pour les emplois "verts"


Face à la crise économique et au dynamisme chinois dans le domaine des technologies vertes, l'Europe doit se battre politiquement et rester ambitieuse en matière de climat, dit la commissaire européenne au Changement climatique.Lire la suite l'article

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Dans une interview à Reuters, Connie Hedegaard indique également qu'une taxe carbone aux frontières doit demeurer dans la palette des outils disponibles mais ne pas être utilisée avant que soient épuisées toutes les possibilités d'accord international sur le changement climatique ou de collaborations sectorielles avec les concurrents de l'Union européenne.

"Nous devons tout faire pour protéger notre avance dans les secteurs des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique. Et nous devons nous battre pour cela (...) Pas pour les autres, même pas pour le climat, mais dans l'intérêt propre de l'Europe", explique-t-elle.

"Car sinon, de quoi allons nous vivre en Europe ? Nous ne sommes pas compétitifs en terme d'impôts, de salaires ou de pensions. Il y a tant de choses sur lesquelles nous ne sommes pas compétitifs. Là, nous avons un domaine où nous sommes en tête sur le plan mondial et nous devrions prendre garde à maintenir cette position", prévient-elle encore.

L'ancienne ministre de l'Environnement du Danemark préconise de considérer la sécurité énergétique, le climat et l'emploi au sein d'une même réflexion et fait valoir que les entreprises européennes ont déjà pris le virage de l'économie verte.

"J'ai vu des responsables de Tesco (NDLR une chaîne de supermarchés britanniques) hier et ils continuent sur cette voie. Pourquoi ? Pas à cause de la concentration en CO2 mais parce que c'est bon pour leurs affaires", dit-elle, tout en voyant dans l'économie verte un moteur de sortie de crise.

Dans un rapport publié fin mai sur le coût d'une révision à la hausse des objectifs européens de réduction des émissions de gaz à effet de serre, la Commission a estimé que les investissements en innovation seraient créateurs de milliers d'emplois en Europe, qui compenseraient l'effort induit.

COOPÉRATION AVEC LA CHINE

L'exécutif communautaire y jugeait également que deux ans après le début de la crise, le risque d'une perte de compétitivité de l'industrie européenne s'était considérablement réduit et que le coût d'un passage unilatéral à un objectif de réduction des rejets de CO2 de 20 à 30% par rapport aux niveaux de 1990 avait lui aussi chuté. (voir )

Connie Hedegaard rappelle que les secteurs les plus exposés aux "fuites de carbone" (une perte d'emploi due à une délocalisation de l'industrie vers des pays aux règles environnement les moins strictes) ont déjà reçu des allocations gratuites dans le cadre du marché européen de droits à polluer.

Elle insiste aussi sur le fait que ces "fuites de carbone" peuvent être créées par le manque de dynamisme européen en matière d'innovation, alors que la Chine met les bouchées double sur les technologies vertes.

Vis-à-vis de Pékin, l'Union européenne s'est engagée dans une double politique de coopération technologique et de négociation d'objectifs communs de réduction des émissions polluantes dans des secteurs comme la sidérurgie, l'aluminium ou le ciment, dont les prix sont particulièrement affectés par les normes en matière de protection de l'environnement.

"La coopération technologique a remplacé la dissémination technologique. Plus personne n'envisage de donner gratuitement notre technologie, avec pour conséquence que la Chine puisse nous concurrencer plus facilement", explique-t-elle, citant notamment le développement de véhicules électriques.

"Nous nous sommes aussi mis d'accord avec Pékin sur le fait que nous commencerions à coopérer sur des mécanismes sectoriels. C'est un exemple montrant que les choses bougent. C'était inimaginable il y a juste deux ans, mais c'est en route", ajoute-t-elle.

TAXE CARBONE AUX FRONTIÈRES

Dans ce cadre, considère-t-elle, l'idée activement soutenue par la France d'une taxe carbone aux frontières de l'Union européenne doit demeurer au sein de la palette à disposition des Vingt-Sept mais ne doit pas être utilisée pour le moment.

"Cela devrait rester dans notre boîte à outils pendant un certain temps, pendant que nous explorons la possibilité d'un accord international", explique celle qui a présidé une partie de la conférence de Copenhague, en décembre dernier.

"Tant que nous négocions, par exemple avec la Chine, dans l'espoir d'avoir cet accord, nous devons nous demander si cela améliore nos chances, ou si c'est le contraire."

Une majorité de pays occidentaux considèrent que la conférence de Johannesburg, fin 2011, sera l'occasion de constater si les efforts en vue d'un accord international sur le climat ont été couronnés de succès ou non.

Ce sera aussi le moment pour l'Union européenne d'aborder concrètement la question de ses objectifs au-delà de 2020, à l'horizon 2030 et 2050.

"Ce doit être notre prochain discussion", dit-elle, une semaine après que les ministres de l'Environnement d'Europe de l'Ouest ont clairement laissé entendre qu'ils étaient prêts à discuter de ces questions sans attendre.

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