Europe

20/11/2009 23:04

 

Que pensez-vous de la procédure qui a abouti à l'élection du président et de la haute représentante de l'UE ?

Lamassoure : «L'UE va continuer à perdre du terrain» 

C'est une procédure inadaptée marquée par une absence de transparence indéfendable. Nous ne savions même pas qui était candidat et pourquoi ils ont été élus. Cela nous ramène aux mesures du sérail de l'Empire ottoman, alors qu'il s'agissait d'élire les dirigeants de l'Europe du XXIe siècle. Ni la notoriété ni l'expérience n'ont été prises en compte. La notoriété de Herman Van Rompuy n'a pas dépassé la Belgique, l'expérience en diplomatie de Catherine Ashton est proche du néant, selon les Britanniques eux-mêmes.

Ces choix ne sont-ils pas, après tout, le reflet des équilibres et du consensus nécessaires pour faire fonctionner l'Europe à 27 ?

À partir du moment où l'on choisit, dans l'opacité, des personnalités du sérail, on entre dans un processus infernal. Si on avait organisé une procédure transparente, on aurait vu les qualités et les défauts des uns et des autres. Il aurait fallu que l'opinion publique soit prise à témoin. Ne pas avoir d'ennemi ne peut pas être le seul mérite d'un dirigeant européen. C'est bien d'obtenir un accord entre pays membres, mais l'UE doit avoir des dirigeants à elle qui ne reflètent pas seulement ce que l'on pense à Paris, à Berlin ou à Londres. Contrairement à ce que l'on a beaucoup entendu, le président stable de l'UE n'est pas un simple facilitateur. C'est quelqu'un qui doit donner un visage à l'Europe, défendre ses intérêts et donner une direction. Faute de personnalité capable de jouer ce rôle, on va continuer avec une Europe aux arbitrages complexes, une Europe qui va perdre du terrain face à l'Asie ou à l'Amérique latine, qui sortent de la crise avec des perspectives de croissance deux fois plus fortes que celles de l'UE.

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