Inde
02/12/2009 18:04(De Bhopal) Les routes en terre sont, de part et d'autre, bordées d'obscures échoppes branlantes. La retentissante cacophonie des klaxons écrase tout autre bruit. Les camions crachent de gros nuages de fumée noire dans un air que le soleil de midi et la poussière rendaient déjà irrespirable. Les quartiers nord de la ville de Bhopal (Madhya Pradesh) ne sont donc pas de ceux que l'on montre dans les brochures touristiques.

« Cette nuit-là la mort semblait être un répit pour tous »
Champa Devi écrit :
« Les gens couraient, toussant et hurlant, leurs cris remplissant l'air de la nuit : Oh Ram donne-moi la mort ! , Oh Allah tue-moi ! . Cette nuit-là, la mort semblait être un répit pour tous. [] Courant avec grande difficulté, il m'était impossible d'ouvrir les yeux. Je ne pouvais rien voir à part une vague brume blanche et une masse de gens devant nous. Ceux qui tombaient restaient sur le sol, personne pour les relever. »
Des suites de l'exposition au gaz, sa plus jeune fille se retrouvera paralysée six mois plus tard, un de ses fils finira par se suicider en 1992 pour mettre fin à la constante douleur dans sa poitrine et son mari mourra d'un cancer de la vessie en 1993.
25 ans après, on la retrouve assise derrière son bureau avec Rashida Bi, sa camarade de combat. Entre les deux femmes trône le Goldman Environmental Award, l'équivalent du prix Nobel pour l'environnement, obtenu en 2004.
Depuis cette fameuse nuit, les deux femmes se battent à la tête de leur organisation, le Chingari Trust, afin d'obtenir des compensations pour les victimes ainsi que des emplois gouvernementaux pour les femmes des familles affectées. Leur combat, « conduit par la colère et la frustration », elles le mènent contre le gouvernement indien et Dow Corporation (compagnie qui a racheté Union Carbide en 2001).
Une odyssée juridique
Malgré l'ampleur de la catastrophe, les dirigeants de Union Carbide ne sont jamais passés devant un tribunal.
———
Précédant