Iran
10/02/2010 19:20Ils sont une force montante du régime. Le gouvernement iranien aurait décidé de récompenser les bassidji, ces miliciens islamiques chargés de réprimer les manifestations de l'opposition, en leur donnant un rôle politique accru.
Lire la suite l'articleLes redoutables Gardiens de la Révolution, dont les bassidji forment la branche paramilitaire, sont depuis longtemps un pilier du régime et constituent une force distincte de l'armée régulière. Les pasdarans ont une influence sur tous les sujets essentiels: mise au point de missiles, exploitation des ressources pétrolières, construction de barrages, télécommunications, technologie nucléaire...Lors d'une réunion du gouvernement fin janvier, Mohammad Reza Rahimi, un conseiller du président Mahmoud Ahmadinejad, a loué les bassidji et a présenté une proposition appelant à les associer aux décisions et aux politiques de chaque ministère, selon des sites Web pro-gouvernementaux et certains blogs de l'opposition. La motion a été adoptée facilement, selon les mêmes sources. Les Gardiens ont intégré les bassidji dans leur structure de commandement, apportant à la milice davantage de crédit et un poids politique accru. Le chef des Gardiens, le général Mohammad Ali Jafari, accuse souvent les dissidents de mener une "révolution en douceur" contre le régime et estime qu'une force comme les bassidji est plus que jamais nécessaire pour écarter des menaces internes. De fait, les miliciens ont joué un rôle-clé dans la répression des manifestations de l'opposition pro-réformatrice après l'élection présidentielle contestée de juin. Et ils pourraient à nouveau passer à l'action jeudi, jour du 31e anniversaire de la Révolution islamique à l'occasion duquel l'opposition a appelé à des manifestations de masse. Lundi, le Guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, a averti que l'opposition prendrait "un coup de poing dans la figure" si elle manifestait jeudi. Il a précisé que les bassidji seraient déployés pour assurer "l'ordre et la sécurité". Lors du dernier grand rassemblement de l'opposition fin janvier, au moins huit personnes ont été tuées dans des affrontements entre forces de sécurité et manifestants. Si les bassidji sont connus pour leur répression des manifestations, l'évolution de leur rôle au sein du régime a été moins remarquée. "Il est clair que les Gardiens de la Révolution ont été davantage intégrés dans le processus de prise de décision durant la crise (politique)", remarque Patrick Clawson, directeur adjoint de l'Institut de Washington pour la politique au Proche-Orient. "Etendre le rôle des bassidji est un prolongement naturel." Les bassidji ont d'abord été des combattants volontaires durant la guerre contre l'Irak (1980-88). Ils se sont ensuite transformés en défenseurs du régime, assumant par exemple un rôle de police religieuse dans les parcs, de commandos pour disperser des rassemblements pro-réformateurs, ou d'informateurs pour les forces de sécurité. Dans les manifestations, ils interviennent souvent à moto et armés de matraques. On ne connaît pas précisément leur nombre, mais certaines estimations évoquent jusqu'à un million d'hommes ou plus. Les leaders bassidji auraient demandé une nouvelle hausse de leur budget pour la prochaine année iranienne qui commence fin mars. L'an dernier, leurs crédits ont déjà augmenté de 200%, passant à plus de 500 millions de dollars, selon Sobh-e Sadegh, une publication contrôlée par les Gardiens de la révolution. L'information n'a pas été démentie par les autorités, malgré la crise qui frappe le pays. Les bassidji restent parmi les plus fidèles soutiens du président iranien ultraconservateur. William Beeman, professeur de l'université du Minnesota, spécialiste des affaires iraniennes, estime qu'ils pourraient presque faire office "d'armée privée" à Mahmoud Ahmadinejad.
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