Iran
27/11/2009 20:16
Le Conseil des gouverneurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) a adopté vendredi une résolution condamnant l'Iran pour avoir dissimulé l'existence d'un second site d'enrichissement de l'uranium, apprend-on de sources diplomatiques.
Le texte a été approuvé par 25 voix contre trois et six abstentions. La Chine et la Russie, d'ordinaire plus clémentes à l'égard de Téhéran, ont voté avec leurs partenaires du groupe des "Six" (Etats-Unis, France, Grande-Bretagne et Allemagne), impliqué dans la recherche d'une solution à la crise du nucléaire iranien.
"C'est le signe que la patience s'amenuise. On ne peut pas continuer à négocier pour négocier", a souligné Glyn Davies, représentant des Etats-Unis auprès de l'AIEA, exhortant l'Iran "à se conformer à ses obligations internationales".
Dans le même esprit, à Washington, le porte-parole de la Maison blanche a estimé que le vote d'AIEA montrait la détermination de la communauté internationale.
"Le fait que 25 pays de toutes les régions du monde ont voté ce texte montre l'urgente nécessité pour l'Iran de répondre à un manque de confiance international croissant quant à ses intentions", souligne Robert Gibbs dans un communiqué. "Si l'Iran refuse de remplir ses obligations, il sera responsable de son isolement croissant et de ses conséquences", ajoute-t-il.
Le vote de Pékin et de Moscou ne préjuge toutefois en rien de leur attitude, qui sera sans doute cruciale, face à l'alourdissement des sanctions que les Occidentaux souhaitent soumettre au Conseil de sécurité de l'Onu début 2010, faute de solution d'ici là.
"Nous comptons sur Téhéran pour réagir avec tout le sérieux nécessaire à cette résolution (...) et a coopérer pleinement avec l'agence", indique le ministère russe des Affaires étrangères dans un communiqué.
Tous les pays occidentaux ont approuvé la résolution rédigée par les Six. Cuba, la Malaisie et le Venezuela ont voté contre, tandis que l'Afghanistan, le Brésil, l'Egypte, le Pakistan, l'Afrique du Sud et la Turquie se sont abstenues. L'Azerbaïdjan n'a pas pris part au scrutin.
Ali Asghar Soltanieh, représentant iranien auprès de l'AIEA a jugé le texte "hâtif et infondé".
PROCHAINE ÉTAPE, LES SANCTIONS ?
"La grande nation iranienne ne cédera jamais aux pressions et aux intimidations en ce qui concerne son droit inaliénable aux usages pacifiques de l'énergie nucléaire", a dit Soltanieh.
"Cette résolution affectera évidemment le climat de coopération instauré avec l'AIEA", a-t-il ajouté en notant que Téhéran pourrait mettre fin à ses "initiatives volontaires" allant dans le cadre d'une coopération accrue avec l'agence.
Le vote de vendredi fait suite à la révélation en septembre de l'existence du nouveau centre d'enrichissement d'uranium de Fordow, près de la ville sainte de Qom, que l'Iran construisait clandestinement depuis deux ans.
La résolution réclame le gel immédiat des travaux ainsi que des éclaircissements sur les raisons d'être de cette installation et l'assurance qu'aucun autre site nucléaire n'a été dissimulé.
Il exhorte en outre Téhéran à cesser toutes ses activités d'enrichissement d'uranium et à autoriser sans restrictions les inspections de l'Onu, conformément aux résolutions adoptées depuis 2006 par le Conseil de sécurité.
Outre les soupçons soulevés par le site de Fordow, son adoption exprime l'impatience croissance des grandes puissances, qui attendent la réponse de la République islamique au compromis proposé le 1er octobre à Genève par l'AIEA.
L'agence a proposé de transférer 75% de l'uranium iranien faiblement enrichi en Russie puis en France pour le convertir en combustible destiné à son réacteur de recherches médicales de Téhéran, ce qui réduirait considérablement la marge de manoeuvre de la République islamique dans le domaine militaire.
Après en avoir accepté le principe le 1er octobre à Genève, Téhéran a émis des réserves et réclamé de nouvelles discussions. Sa réponse formelle est attendue avant la fin de l'année.
Les Iraniens "doivent accepter les offres qui ont été avancées pour leur fournir du combustible avec notre soutien, mais ils doivent renoncer aux armes nucléaires", a déclaré Gordon Brown, chef du gouvernement britannique, après l'adoption de la résolution.
"Je pense que la prochaine étape devra être celle des sanctions si l'Iran ne réagit pas à ce vote très clair de la communauté internationale", a-t-il ajouté sur une chaîne de télévision de Trinité-et-Tobago, où il est en déplacement.
Accordant une "grande importance" à la résolution de l'AIEA, le ministère israélien des Affaires étrangères a engagé la communauté internationale à veiller à ce qu'elle ait une "portée pratique en fixant un calendrier pour demander des sanctions fermes contre l'Iran en réponse à toute violation".
La dernière résolution adoptée par l'AIEA contre l'Iran remontait à février 2006.
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