Roumanie

22/11/2009 12:19

 

Les Roumains votent ce dimanche pour une élection présidentielle qui pourrait éclaircir le paysage politique et redonner un nouvel élan en faveur de réformes actuellement au point mort.

 

Dix-huit millions d'électeurs sont appelés à venir faire leur choix dans les bureaux de vote, qui ont ouvert à 05h00 GMT et fermeront leurs portes à 19h00 GMT.

Le président sortant, le centriste Traian Basescu, est en tête des intentions de vote avec 33% mais son adversaire Mircea Geoana, du PSD, l'ancien parti communiste, le talonne avec 30%. Le troisième candidat, le libéral Crin Antonescu, est crédité d'environ 18% des suffrages.

Un deuxième tour aura lieu le 6 décembre si aucun candidat n'obtient la majorité absolue dimanche.

La Roumanie est en pleine crise politique depuis la chute du gouvernement minoritaire centriste dirigé par Emile Boc, à la suite d'une motion de censure adoptée par les députés le 13 octobre. Le PSD (Parti social-démocrate) avait claqué la porte du gouvernement le 1er octobre pour protester contre le limogeage du ministre de l'Intérieur, issu de ses rangs, laissant les centristes seuls aux commandes.

Elu en décembre 2004 sur la promesse de réformer une démocratie imprégnée de clientélisme, Traian Basescu, qui fut capitaine dans la marine, a vu sa cote de popularité chuter à 35%, après avoir atteint jusqu'à 50%, face à la lenteur des progrès enregistrés sous son quinquennat. Traian Basescu est soutenu par le PD-L (Parti démocrate-libéral) du Premier ministre sortant Emile Boc, qui gère les affaires courantes depuis la motion de censure.

D'abord séduits par le franc-parler de Basescu - il disait vouloir emprisonner les "gros poissons" soupçonnés de corruption -, certains électeurs se détournent aujourd'hui de la personnalité conflictuelle de l'ancien maire de Bucarest, âgé de 58 ans.

Ancien ambassadeur à Washington, Mircea Geoana a été choisi par le PSD dans l'espoir de moderniser l'image de l'ex-parti communiste, ternie par des scandales de corruption et son manque d'empressement pour les réformes.

Des commentateurs jugent qu'il pourrait puiser parmi les électeurs mécontents de l'instabilité gouvernementale durant le mandat de Basescu. Deux coalitions se sont effondrées, la dernière en octobre, en partie toutefois à cause du PSD.

Alors que le pays devrait s'enfoncer dans une profonde récession cette année, après 7,1% de croissance en 2008, Geoana a bâti sa campagne sur le social, promettant par exemple de lancer un vaste programme de logements pour les foyers modestes.

RÉFÉRENDUM

L'une des premières missions du prochain président sera de former un gouvernement stable afin de regagner la confiance des bailleurs de fonds internationaux. La Roumanie est entrée dans l'Union européenne en 2007.

La crise politique dans laquelle le deuxième pays le plus pauvre de l'UE est plongé retarde l'octroi des aides prévu par le Fonds monétaire international, pour un montant total de 20 milliards d'euros.

Le FMI a fait savoir il y a deux semaines qu'il gèlerait le versement d'une première aide de 1,5 milliard d'euros en attendant la formation d'un nouveau cabinet et l'adoption du budget 2010.

Basescu comme Geoana sont favorables à l'accord conclu avec le FMI contrairement au troisième candidat, Crin Antonescu, qui réclame une renégociation.

Traian Basescu a également décidé de soumettre ce dimanche aux électeurs un référendum proposant la suppression d'une des deux chambres du parlement, ce qui pourrait selon lui déclencher une bataille d'influence et d'argent au sein de l'élite au pouvoir et permettre ainsi d'accélérer les réformes.

Mais les analystes redoutent que ce scrutin ne fasse qu'alimenter la méfiance envers la classe politique et détourne les électeurs des urnes. Au moins 50% des inscrits doivent se prononcer pour que le référendum soit validé.

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